
Les vents dominants étaient, en général, ceux d’Ouest (Poniente) puis ceux de Nord-Est (Levante).
Le mauvais temps dans la rade d’Arzew était amené par les vents de Nord-Est.
Les vents d’Ouest, souvent très violents, rendaient la navigation difficile à l’intérieur du port.
La moyenne annuelle de la force du vent au sol était de 2’7 tandis que le sirocco, très rare, était tempéré par la brise marine et ne soufflait, en moyenne, que six jours par an.
Indications fournies par Jeannot SOLER (Les noms des vents sont donnés en valencien)
En hiver le régime des vents était commandé par l’éxistence de pressions élevées sur le Tell et l’Atlas Saharien.
La prédominance des vents était alors de secteur Ouest sur le littoral.
Les vents d’Ouest-Nord-Ouest soufflaient avec violence, fraîchissant vers dix huit heures, atteignant le maximum de leur force de vingt deux heures à minuit, amenant une houle de un mètre cinquante de hauteur qui heurtait dans le port à la face Nord de la grande jetée-abri se propageant jusqu’au fond de la baie.
1931 Échouage du Gatinais en arrière plan le Marionga (photo Camille SOLER)
Ceux d’Est-Nord-Est soufflaient de façon presque continue de Mai à fin Août, avec alternances de brises de terre et de mer.
Du régime des vents dépendait, dans une large mesure, la température.
Le vent de terre était chaud rendant le séjour peu agréable aux cabannoniers des plages voisines contraints de se barricader pour éviter l’envahissement par le sable.
Au contraire, fort souhaitable était la brise de mer qui rafraîchissait l’atmosphère.
Les températures extrêmes furent observées le 8 Mars 1920 avec 0° et le 15 Août 1948 avec 41°8.
La moyenne des isothermes s’établissait ainsi :
La moyenne annuelle de l’humidité absolue était de 12.6, celle de l’humidité dite relative de 71, celle de la pression atmosphérique de 762m/m8, celle de l’indice de nébulosité de 4’3, celle des orages variait de 10 à 15 jours, celle des pluies de 310m/m répartis entre 60 et 70 jours (Maximum : Novembre, Décembre, Janvier)
Arzew a eu sa part de pluies torrentielles, c’est ainsi que dans la nuit du 7 au 8 Octobre 1948 un déluge s’abattit sur la ville et sa région.
Les eaux descendues des montagnes submergèrent l’Esplanade dite de la Libération dévalant à travers la ville en un torrent bouillonnant et boueux.
Dans la rue Jean Jaurès l’eau, atteignant par endroits 1 m 50, fit une brèche dans un immeuble vétuste et s’y engouffra emportant tout sur son passage.
Dans les rues Denfert, St. Louis, Péri et d’Isly plusieurs rez de chaussée furent inondés jusqu’à 1 m. 50 de hauteur.
Les dégâts matériels furent importants mais ce qui frappa le plus la population ce fut le sentiment de son insécurité, une fillette ayant été entraînée sur plus de 300 m.
Deux mesures urgentes furent entreprises :
- le reboisement des djebels
- l’édification de canaux collecteurs aux points de déversement des différents ravins.
Des banquettes furent pratiquées à flanc de coteaux permettant le sous-solage de terrasses sur de nombreux Kilomètres, cernant les flancs des monts surplombant la ville.
Tous les 50 m. des ravins gabionnés recueillaient les eaux de ruissellement qui y déposaient leurs alluvions avant de se déverser dans l’Oued Magoun.
Pour le reboisement, compte tenu de la pauvreté des sols et de la violence des vents d’Ouest chargés d’embruns, des cyprès et des pins furent choisis pour les endroits les plus ingrats, des caraganas importés de Russie complétèrent cette gamme.
Le 4 Février 1907 la municipalité demandait le classement de la ville comme station climatique alors que deux motifs plaidaient en faveur de cette mesure:
- l’impécuniosité de la cité
- la stabilité thermique du centre qui avait motivé l’installation du dépôt de convalescence des Régiments Etrangers au Fort du Nord le 22 Octobre 1885.
Ce voeu repris le 5 Septembre 1945 et encore le 20 Mars 1946 fut examiné par le Conseil Général en Octobre 1946.
L’assemblée crut devoir proposer le classement d’Arzew comme station touristique, climatique et balnéaire, ce qui conciliait toutes les thèses mais conduisit à annihiler le projet.
La région d’Arzew fut souvent atteinte par de violentes secousses sismiques.
Aux effroyables tremblements de terre qui survinrent dans l’antiquité sous l’empereur Galien il faut ajouter ceux de 1790, 1860, 1870, 1871 et 1912.
Le tremblement de terre
du 24 Juillet au 4 Août 1912
“El Gran Sousto”
C’était en fin d’aprés-midi, pas encore l’heure de l’anisette, la chaleur était tombée, les enfants jouaient dans la rue, les femmes préparaient le repas.
Les bars étaient pleins de joueurs de “Briska” aux environs de 18 heures et rien n’annonçait la catastrophe imminente.
Tout à coup un bruit formidable retentit, la ville entière fut frappée de stupeur.
Comme une détonation d’obus effraya la paisible cité. Une violente explosion venait d’ébranler tout Arzew, accompagnée de grondements souterrains tandis que des ondes vibrantes traversaient les rues fissurant les immeubles.
Dans les maisons les meubles se déplacèrent et tous les objets qui se trouvaient sur des étagères furent projetés au sol.
Dans les rues les gens s’arrêtèrent, d’abord étonnés, puis inquiets. Certains s’assirent à terre en attendant que cela passe. Des promeneurs éberlués virent la grosse lampe, suspendue au plafond de la mairie, être projetée hors de son support, traverser la fenêtre pour venir échouer dans la rue.
La première secousse sismique qui n’avait duré que quelques secondes venait de se produire, très violente mais courte, ne provoquant aucune panique.
Pourtant elle avait disloqué des maisons, creusé des lézardes profondes dans les murs et les plafonds, ne causant heureusement aucune perte de vie humaine.
Dans la nuit suivante, et surtout le lendemain, six autres secousses, moins violentes, secouèrent encore les maisons.
Le cauchemar allait durer jusqu’au 4 août où l’on ne compta pas moins de 25 secousses.
Les pauvres Arzewiens ne savaient plus à quel saint se vouer, les détonations et les secousses se produisant de manière anarchique de nuit comme de jour, sans que l’on puisse les prévoir.
La plupart des immeubles et maisons avaient perdu plus de 30 à 40% de leur solidité, selon les experts, et par là même de leur valeur marchande.
La panique commençait à naître chez certains, qui n’arrivant pas à calmer leur angoisse, dormaient à la belle étoile.
Plusieurs milliers de personnes quittèrent même Arzew pour d’autre villages.
La fin du séisme peut être datée au 4 août 1912, et il fallut attendre plusieurs jours pour voir les habitants rejoindre leurs foyers, évaluer les dégâts qui étaient plus que sérieux et se remettre au travail.
Le 18 septembre 1912, à 8 heures mois le quart une violente secousse suivie de deux détonations très rapprochées sema la panique dans la population.
Allait on recommencer ? subir le même sort que celui d’Oran presque entièrement détruite le 9 octobre 1790 avec plus de 3000 victimes ?
Heureusement ces détonations furent les dernières et les Arzewiens purent se remettre à l’ouvrage, il n’en manquait pas.
J.P. BADIA