Le commerce des grains, du bois, des fruits, des bestiaux mais également l’exploitation de riches salines employaient un grand nombre de bras.
La pêche prit une part importante dans l’activité locale, attirant les immigrants espagnols : 361 en 1849, 636 en 1850, 701 en 1851. Ceux qui se fixèrent à Arzew formèrent bien vite une communauté distincte que renforça pendant longtemps l’usage de leur idiome provincial.
La liste des bénéficiaires d’un lot de ville et d’un lot de jardin comprenait, au 31 Décembre 1847:
- 13 négociants
- 26 commerçants dont :
. 4 boulangers
. 3 hôteliers-restaurateurs
. 3 cafetiers-limonadiers
. 3 épiciers
. 1 tanneur
. 1 modiste
. 1 nourrice
. 4 tailleurs d’habits
. 2 armuriers
. 1 boucher
. 1 coiffeur
. 1 horloger
. 1 couturier-
- 34 artisans et ouvriers dont:
. 2 charretiers
. 7 menuisiers
. 12 maçons
. 1 peintre
. 2 charpentiers
. 1 maréchal-ferrant
. 1 ébéniste
. 2 briquetiers
. 1 carrier
. 2 serruriers
. 2 tailleurs de pierre
- 18 militaires
- 5 fonctionnaires et employés
- 3 médecins
- 4 entrepreneurs
- 6 agriculteurs
- 3 sociétés agricoles (13 lots de ville et 13 lots de jardin)
LA PECHE PROFESSIONNELLE
La Madrague
La première fut concédée en 1850 et située au Nord de la rade.
En 1938 il y en avait trois qui employaient un effectif de 63 marins : au cap de l’Aiguille, au sud du phare, à Port-aux-Poules.
Engins fixes de dimensions considérables constituant de véritables pièges destinés à la prise de poissons migrateurs (Thons, Bonites, Melvas, Bacorettes, Maquereaux.
Leur exploitation était permise du 1er Juin au 31 Décembre.
Spécialité de la famille LUBRANO de Rapentis propriétaire de la madrague du phare d'Arzew
Les chalutiers
Bateaux traînant seuls leurs filets tendus par deux plateaux souvrant sous l’action de la vitesse et de la pression d’eau. Leur activité était limitée pendant le troisième trimestre de chaque année.
Les Crevettes constituaient leurs prises les plus importantes et de bon rapport, mais aussi Rougets, Limandes, Baudroies (rapés), Merlans .
Exploités par les familles : ANGELOTTI, FERRER, BORONAD (El llout), LLORET, SOLER.
Les lamparos
Tirant leur nom du chalut de surface, originaire d’Italie, destiné à la capture du poisson de passage. Leur rendement fut encore augmenté par l’adjonction de lampes à acétylène.
Tributaires de la lune, ils étaient astreints à l’inactivité pendant la pleine lune.
L’essentiel de leurs captures était constitué par les Sardines, Allaches, et Anchois.
Familles : Antoine MORENO
Les sardinals
S’adonnaient également à la pêche au poisson bleu migrateur, venu de haute mer : Thon, Bonites, Melvas, Bacorettes, Maquereaux, mais possédaient, pour la plupart, des trémails avec lesquels ils saisissaient, à l’occasion, le poisson dit de “pareille” (Rougets, Merlans, Soles Pageots, Rascasses noires, Serrans, Besougues).
Souvent ils pratiquaient la pêche au calmar, augmentant leurs revenus en plaçant quelques nasses.
Activité notamment pratiquée par les familles : LUBRANO (Juanico Lucien), LUBRANO (di Figolo), FIORENTINO, José (Le solitaire) BARCELO .
José BARCELO vidant un thon. Sur le quai où se trouve les curieux sera construit la « Criée »
Jules et Pierre SOLER, et la langouste
Les palangriers
Se servaient d’un engin fixe, le palangre, corde noyée et soutenue par des flotteurs munie de lignes à hameçons pour la capture de Sargues, Pageots, Pagres, Congres, Mérous, Rougets grondins (Galinettes), Rascasses rouges(Scorpas), Raies pastenagues (Tchouch) ....
Ils se livraient aussi à d'autres types de pêches : les nasses pour les Langoustes, la traine pour le Poisson Limon (Seriola), le Loup (Llobaro), mais également à la “prima”, première pêche concernant généralement les calmars.
Bateaux armés par les familles : Jaime SAU (Caoutchouc), LUBRANO (Balandro), SANCHEZ (Caldéro), BARCELO, RUIZ (Nando)
Loup (llobaro)....... Baliste (japuta)
Après la pêche le remaillage des filets
Le boliche
Filet calé au large à l’aide d’une barque et halè ensuite depuis la terre avec le poisson surpris sur son passage : Marbres, Vives (Araignées)...
Raclant les fonds il pouvait capturer les alevins c’est pourquoi il étai interdit du 1er Avril au 31 Juillet.
En 1949 deux boliches occupaient un personnel de 30 hommes, dont 5 marins, sur les plages de Damesme et de Saint-Leu.
Familles concernées : RAMOGNINO, PERELLO (Frasquito), "MOTRIL"
En 1959 la flottille de pêche comprenait:
16 chalutiers, 10 lamparos, 65 palangriers ou bonitiers soit 91 unités armés par 435 marins.
LES CHEMINOTS
1859, la première ligne de chemin de fer fut ouverte en Algérie .
1874, suivait celle d’Arzew à Saïda pour le transport de l’Alfa des hauts plateaux vers le port.
1878, édification de la première gare.
1879, elle fut ouverte à tous les trafics y compris celui des voyageurs.
1913, modernisation de la gare alors que les lignes Arzew-Colomb-Béchar (710 Km) et Arzew-Oran étaient terminées.
1959, trois lignes à voie étroite desservaient le port :
- la ligne d’Arzew à Colomb-Béchar
- celle d’Arzew à Oran
- celle qui reliait directement les Salines à la gare
Remplacées durant cette même année par une seule ligne à voie normale (1m.45). Ligne d’Arzew à Colomb-Béchar par Perrégaux, Mascara, Saïda, avec un embranchement sur Tiaret via Mascara et un autre sur Mostaganem et Oran via Perrégaux. La voie était normale jusqu’à Perrégaux et étroite entre cette dernière gare et Colomb-Béchar. Elle était exploitée par la S.N.C.F.A.
1962, la gare d’Arzew était une gare de 5eme classe avec un personnel restreint ne s’élevant qu’à trois unités.
Dans le port deux voies ferrées en bordure du môle 4 permettaient le chargement ou le déchargement direct des navires aux wagons (Alfa, sel, soufre).
Sur le môle 3 existaient deux voies ferrées, l’une à l’Ouest des magasins et l’autre en bordure du quai Est.
De 1859 à 1962 l’activité ferroviaire a employé de nombreux Arzewiens dans ses différents services (exploitation, entretien du réseau et du matériel, manutention), entre autres familles FAMIN, PRETO, COULOMB, ZAPATA, PEREZ, MARFAING, PALMER, SEMPERE, VICTORIA, ALARCON, VICENTE, ......
La gare, le quai, 05/01/1938 - Nu tête Erneste ZAPATA
Avec la barbe Mr SEMPERE
LA BOULANGE
Au fil du temps Arzew conserva ses boulangeries déjà présentes, en nombre quasi identique, dés 1847.
Fidèles aux traditions héritées de leurs ancêtres espagnols, ils ouvraient leurs fours encore chauds, après la dernière fournée, aux besoins culinaires des ménagères riveraines qui y cuisaient ainsi leurs gratins et autres farcis sans oublier les petits gâteaux de fin d’année et les célèbres monas de Pâques.
Parmi ces familles laborieuses que furent les SAEZ,
CAMPOS, ORENGA, SANCHIS et MEILLADO certaines étaient plus particulièrement connues pour leurs activités annexes:
- ORENGA pour la musique où Lulu s’illustrait à l’accordéon.
Lulu à l'accordéon, Pépet de la loterie, et Gustave Farrugia
- SANCHIS pour son étalage de friandises qui faisait le bonheur de générations d’écoliers sur le chemin de leurs classes. Ils y étaient accueillis par la charmante demoiselle de la maison......qui ne se souvient d’Annie.
- MELLADO dont l’attelage hippomobile servant à livrer son pain était, à l’occasion, utilisé pour conduire un Arzewien à sa dernière demeure.
MELLADO François fils, RODRIGUEZ Odette (maman de Raymond MUNOS), MELLADO François père, RODRIGUEZ Jeannette (en compagnie d’une habitante de la Guetna) MELLADO Joseph, Le cheval ancètre de Rigadin . Dans la voiture RODRIGUEZ Baptiste et un enfant, tête bandée, inconnu. Photo 1931
LES CONFISEURS et GLACIERS
Deux familles se disputaient le monopole de la célébrité en la matière :
- celle de LUIS les rois du "pirouli", des "toraïcos" et accessoirement des "sambombas"
- celle de SANTIAGO les rois des glaces en été et des "taillos" en hiver
Pour autant il ne faudrait pas oublier la famille FONS à l’enseigne de “ La Nueve Ibense” qui nous régalait, aux abords de la promenade des palmiers, de ses cassates, agua limon, et autres créponnés, de même la petite échoppe de notre compatriote de couleur "CUMBA"
Terrasse de la Nueve Ibense
LES BISTROTS
Endroits conviviaux, ils recevaient une clientèle nombreuse et variée : ouvriers et pêcheurs après leur dur labeur, militaires en permission dans leur ville de garnison, marins en goguette, visiteurs cherchant à se désaltérer tout en s’abritant de ce sacré soleil.
Les discussions allaient bon train, les consommations aussi........le ton montait pendant que se refaisait le monde.
Dispersés tout au long de la cité depuis la criée aux poissons jusqu’au monument aux morts, avec une prédominance pour l’avenue Général Leclerc, la rue Ste Marie, la place d’Isly, la rue d’Isly, ils étaient toutefois absents dans certains quartiers comme “Les Jardins” par exemple.
Leur particularité consistait à accompagner les verres servis d’amuse-bouche plus connus sous la dénomination locale de “Kémia”.
Variantes, olives cassées, longanisse.
Ces kémias étaient la base même de leur concurrence loyale.
Dévoilées le jour même elles attiraient les amateurs qui de fèves bouillies au cumin, qui de tramousses, qui d’olives cassées au fenouil, qui de petites fritures “pitchoureils”, qui d’escargots en sauce piquante..... le tout bien assaisonné pour faciliter la descente des verres d’anisette.
A celles ci s’ajoutaient les grillades des marchandes de brochettes installées à même la rue devant certains bistrots. Prés du grill à la dense fumée voisinaient merguez, rognons blancs, morceaux de cœur et de foie, et puis ces fameuses “Melsas” tellement appréciées des amateurs dont la soif était ainsi décuplée.
Aux beaux jours, c’était l’une des scènes des plus typiquement méditerranéenne de la cité.
Ces lieux de rencontres avaient pour nom :
- Bar de Londres (Gomez)
- L’escale (Schmitt)
- Bar de la Source (“Tchimet” Balaguer)
- Bar de l’Aviation (“Simonico” Ruiz)
- Le maritime (Trujillo)
- Le Commerce (“Gaétano” Almodovar)
- Bar des Amis (Diaz )
- Le Méditerranée (Rivero)
La terrasse
- Le Capriccio (Ripoll)
- Bar de la Sirène (Maillefer)
- Bar d’Isly (“Barberico” Degarra)
- Bar Olympique (Marchado Henri)
- Le roi de la bière (Marchado)
- La Cantina (“Frasco” Carrabajal)
- Bar de la Plage (Lubrano di Cicones “Roquet”)