Lors d'un voyage récent au Mexique, en 1993 , je me retrouvais avec une quinzaine de
compatriotes d'Oranie dans un groupe de quarante quatre Français. Durant l'escale à
Houston, Texas, une Bretonne qui faisait partie du voyage connut quelques difficultés avec
un douanier Texan à propos de fruits, non déclarés, qu'elle transportait dans un sac.
Notre douanier ne parlait pas français et notre Bretonne essayait de capter, à travers
l'accent texan, quelques mots d'anglais intelligibles. Dialogue de sourds!
C'est alors que l'Américain, observant que dans le groupe figuraient des Ruiz, des
Rodriguez, des Lopez, enchaîna dans un parfait espagnol. Une Oranaise , d’une soixantaine
d’années, qui suivait dans la file intervint avec son espagnol du quartier de la Marine, pas si
désuet que cela. Le dialogue fut rétabli, les visages se déridèrent et le douanier, curieux,
fit un brin de causette avec notre Oranaise: « Vous êtes Française? Vous avez un nom
espagnol! Pourquoi êtes-vous née en Algérie? »(En castillan bien sûr.)
Témoin de la scène, à deux pas de là, je cachais mal mon plaisir. Pensez donc! Notre
seconde langue maternelle, si délaissée, si souvent raillée même, venait d'être utilisée
dans un aéroport international des Etats-Unis.
J'eus alors une pensée émue pour mes grands-parents, mes parents et tous mes amis de
faubourg.
Au moment où Bretons, Basques, Catalans, Corses, Alsaciens, Occitans etc. défendent de
plus en plus fort leur bilinguisme, devrions-nous, nous Français sans province de
rattachement, nous montrer moins fiers de notre seconde langue maternelle?
Serait-elle moins prestigieuse avec ses dix-sept pays qui l’ont adoptée comme langue
officielle et ses quatre cents millions de pratiquants ? Sûrement pas !
Espérons donc que nos enfants et petits enfants sauront assumer fièrement ce passé
culturel.
Rodriguez Manuel
(de Sidi-Bel-Abbès)
m.rod@free.fr
compatriotes d'Oranie dans un groupe de quarante quatre Français. Durant l'escale à
Houston, Texas, une Bretonne qui faisait partie du voyage connut quelques difficultés avec
un douanier Texan à propos de fruits, non déclarés, qu'elle transportait dans un sac.
Notre douanier ne parlait pas français et notre Bretonne essayait de capter, à travers
l'accent texan, quelques mots d'anglais intelligibles. Dialogue de sourds!
C'est alors que l'Américain, observant que dans le groupe figuraient des Ruiz, des
Rodriguez, des Lopez, enchaîna dans un parfait espagnol. Une Oranaise , d’une soixantaine
d’années, qui suivait dans la file intervint avec son espagnol du quartier de la Marine, pas si
désuet que cela. Le dialogue fut rétabli, les visages se déridèrent et le douanier, curieux,
fit un brin de causette avec notre Oranaise: « Vous êtes Française? Vous avez un nom
espagnol! Pourquoi êtes-vous née en Algérie? »(En castillan bien sûr.)
Témoin de la scène, à deux pas de là, je cachais mal mon plaisir. Pensez donc! Notre
seconde langue maternelle, si délaissée, si souvent raillée même, venait d'être utilisée
dans un aéroport international des Etats-Unis.
J'eus alors une pensée émue pour mes grands-parents, mes parents et tous mes amis de
faubourg.
Au moment où Bretons, Basques, Catalans, Corses, Alsaciens, Occitans etc. défendent de
plus en plus fort leur bilinguisme, devrions-nous, nous Français sans province de
rattachement, nous montrer moins fiers de notre seconde langue maternelle?
Serait-elle moins prestigieuse avec ses dix-sept pays qui l’ont adoptée comme langue
officielle et ses quatre cents millions de pratiquants ? Sûrement pas !
Espérons donc que nos enfants et petits enfants sauront assumer fièrement ce passé
culturel.
Rodriguez Manuel
(de Sidi-Bel-Abbès)
m.rod@free.fr