La rate farcie bien épicée que les marchands de brochettes préparaient si bien, s'appelait
« melsa », « bazo »en castillan.
Quelquefois, pas aussi souvent que dans la vallée de la Garonne, le brouillard nous
surprenait le matin, l'espace d'une heure ou deux. Affolement général : « Qué boria Dios
mio! » ( Mon Dieu quel brouillard!) ,du valencien « boira », en espagnol « niebla ».
Le frêle oiseau multicolore, dans sa petite cage suspendue à un clou planté dans le mur, qui
agrémentait de son chant mélodieux la vie en communauté des patios, refusait son nom de
baptême castillan « el jilguero », pour répondre à celui de « carganera »,déformation du
valencien « cadernera » . Il s'agissait du chardonneret.
Nous empruntions aussi, aux gens du Levant espagnol, la traduction du « chez »français.
« Voy a cal barbero », je vais chez le coiffeur.
« Estoy en ca mi tío », je suis chez mon oncle.
L'Espagnol dira « voy a casa del barbero »et « estoy en casa de mi tío ».
D'autre part, notre discours était souvent ponctué du « che », prononcé « tché ». Cette
interjection caractéristique du parler valencien pouvait signifier :Dis-donc! Hep! Fais
gaffe! Pas possible! Purée! etc.
Dans la péninsule, on dit toujours « la capital che » pour désigner la ville de Valence. Les
footballeurs du FCValencia et les habitants de la ville sont surnommés « los ches ». Cette
habitude d'employer ce « che » dans le discours populaire ne se retrouve curieusement
qu'en Argentine, dans la région du Rio de la Plata.
Ernesto Guevara, le révolutionnaire romantique devint « el Che » pour les Cubains, parce
qu'il était Argentin.
Pour en revenir à notre chère Oranie, nous disions:
-Date prisa che! (Dépêche-toi dis!)
-Che ! que te vas a caer! (Fais gaffe! Tu vas tomber)
Il était parfois associé à "joder" (copuler, foutre). L'expression « joder che » équivalait
un peu au « putain con! » toulousain. Cette manière grossière marquait la colère,
l'irritation, le contretemps fâcheux et était utilisée par les hommes essentiellement