Cette année là........naissance d’un nouveau groupe de dévoués bénévoles pour un autre rendez-vous annuel de la communauté Arzewienne en exil.
Sous l’impulsion de Marcel VENTURA plus connu sous le diminutif de “Nini”,avec le soutien de son épouse Alba, la participation active, entre autres, de J.L MARTI, J.P BALLESTER, A. PUJOL, C. SOLER, F. FLORES, et sur ses terres de SIX-FOURS dans le Var, la première
d’ “Arzew Génération 62” fut un vrai régal pour tous ceux , jeunes ou moins jeunes qui n’attendaient que cela.
Concentration organisée de mains de maître avec les moyens du bord et qui depuis se perpétue toujours avec autant d’entrain et la même joie des retrouvailles.
A meilleure preuve le reportage ci après rédigé par Camille SOLER avec sa verve coutumière.
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Il faisait nuit noire sur le centre Guillemard de Six Fours. Imaginez, à 1 h 00 du matin, rien ne bouge et tout dort .... Eh non! y'en a un qui ne dort pas. Le premier à s'être pointé à cette heure si matinale c'était notre ami Etienne! Pour rien au monde il n'aurait raté les premières arrivées!
La veille, Nini et Manou avaient placé des panneaux ARZEW (et même des ballons multicolores) sur le parcours depuis la bretelle 13 de l'autoroute (pardon encore pour ceux qui venaient de l'est) « si jamais y'en a un qui dit qui les voit pas! ... pos mira, il fera des tours pour rien ..... »
Nini est venu rejoindre Etienne qui en était déjà à sa dixième cigarette ! puis il y a eu Marie, Camille, Gilbert, sa femme, Francis, sa femme et tous les autres (avec leur femme aussi bien sur ou leur mari ... c'est selon ..... il faut tout vous dire ... tchè .. !)
A chaque nouvelle arrivée de voiture le jeu a consisté à se reconnaître .. et y'en a eu des hésitations! du genre: c'est toi ? comment, tu me reconnais pas ? johè .. tchè .. j'ai tant vieilli que ça ? mais non purée, c'est qu'avec tes lunettes de soleil j'ai pas vu tes yeux (mon œil oui, tu me reconnaissais pas).
Les épouses ou les maris non-arzewiens se demandaient bien dans quel guêpier ils étaient en train de tomber. Pas tous car, parmi eux, y' en a qui sont déjà de véritables initiés à nos pratiques et à nos expressions (n'est-ce pas Mr Sarrazin, Mesdames, Martinez , Florès , Ventura , Soler , Perez ?.... )
Une petite odeur de paëlla commençait à flotter dans l'air. Faut dire que nos voisins, de l'association des« Pieds-Noirs» du Var, ils ont des années de pratique et d'organisation devant eux (et des bons cuistots aussi il faut le dire)
Les tables, les chaises, les glacières, enfin tout le matériel de l'arzewien moyen quand il part en campagne, se sont déployés dans une joyeuse anarchie mais quand même, dans le périmètre qui nous était imparti ( et sous les pins, bien sur !)
Y'en a qui ont commencé à mettre quelques bouteilles d'anisette en bonne place, histoire peut-être que la tentation elle soit si grande qu'on n'y résiste pas... " et l'eau fraîche ? t'y a pensé à l'eau fraîche ? Les glaçons ? ... La Kémia ? ....
Pendant ce temps, les voitures elles nous arrivent de tous les côtés et y' a des plaques qui viennent de loin: on a vu des 66, des 11, des 31 des 06, et même des 16 et des 17 ! (pour les 13, les 84 et les 83 vous vous êtes pas trop foulé hein ? mais non, je plaisante !)
Vers 11 h 00 ou 11 h _ c'était bien parti. Même Alain Pujol et Alain Cueff finissaient par être reconnus par tous les autres. (comment ? tu sais pas qui je suis moi ?)
Le colonel (eh oui, tchè ! on a un colonel !) était aux anges. C'était sa première depuis 41 ans ! Son épouse rejoignait le clan de celles qui découvraient ce qu'était véritablement « l'arzewiennus typicus »
T'y en a vu des photos ? des tas de photos. Des petites, des grandes, de celles du siècle dernier (C'est bien Anne-Marie) de celles des classes surchargées avec des maîtres inflexibles ( Benyamine - Pozzo - Sau - Candela .. etc ... etc) et la souriante Mademoiselle Ortéga avec ses classes des cours préparatoire où t'y a tant de mal à te reconnaître dans ce bambin qui ne sait pas tout ce que sa vie sera et qui sourit à l'instant présent et à ses joies d'enfant.
On a commencé à voir l'anisette circuler (mais à débit raisonnable dis' on a tout le temps !)
Nini, toujours à l'entrée. Il attend les derniers (Jean-Paul tchè, à quelle heure tu t'es levé ?) Ce Nini, il connaît tout le monde purée !
Vers une heure (13 h 00 c'est peut-être mieux) Hombré ! on commençait à avoir une de ces fringales. La paëlla est arrivée à point. Alba, Marie et quelques autres (même Mireille qui découvrait ces arzewiens) ont fait le service. Quelle discipline tchè ! on serait devenu raisonnables? Mais je plaisante. On a bien passé ce cap. Mais vous savez, on a toujours un peu peur qu'il en manque (quelle honte !) qu'y ait pas assez de crevettes ou de viande ... On en sert combien? beaucoup? on rationne un peu et on verra après.
Pendant ce temps, y' a encore quelques anisettes qui circulent histoire de passer le temps. Gilbert, Etienne, attention! on vous a à l'œil.
On a mangé. Si tu savais tout ce qu'y a circulé! Mama mia, en dehors de la paëlla y'avait de tout: longanisse, torraïcos, pois chiches au cumin, poivrons (on disait « piments») caviar d'aubergine tchè ! tortas, tortillas, bon, j'arrête là parce qu'il me vient l'eau à la bouche à moi aussi.
Après, on a tchatché. Jean-Louis a commencé à nous lire une lettre de Jean-Luc (resté en Bretagne) il a pas pu continuer longtemps, les larmes dis et la gorge complètement nouée. Nini il pouvait pas, alors c'est Camille qu'y a fini (Jean-Louis nous a quand même sorti un « Pitchack » pour détendre l'atmosphère) Là-bas dans son coin, Alain n'a pas pu résister non plus. C'était « la séquence émotion» comme aurait dit Hulot (il n'est pas d'Arzew mais on peut bien lui emprunter quelques phrases non ?) Ensuite, on a tous rempli le questionnaire pour savoir ce qu'on allait faire dans le futur (pos, on continue bien sur et on se retrouvera au moins l'année prochaîne).
A chaque table, encore des photos. «Dis, c'est pas toi là, au premier rang chez Pozzo? y'a même eu des très jeunes qui donnaient eux aussi dans le souvenir. Pas vrai Patrick? çui là il est né en 1961 ! et y connaît tout: la mona, la Fontaine des gazelles, les fêtes du 15 Août. ... et Paule et Dominique, c'est pareil. Tu sais où elles veulent nous faire aller un jour ? Tu vas pas le croire : pos à Arzew ! et on leur servirait de guides. Si tu crois qu'avec tous ces jeunes ça va s'arrêter un jour, et bien tu te mets le doigt dans l'œil. Ils sont encore plus fous que nous (on croyait pas qu'il y avait plus fous d'Arzew que nous !) T' y en veux toi des bateaux, des villas, des chiens, des hamsters qu'y s'appellent Arzew?
Vers 17 h 00, quand même, y' en a qui se sont escapés. La route ma fille, avec tous ces embouteillages. Il vaut mieux rentrer. On s'embrasse. On se congratule, on s'étreint,(on fait rien de mal Aline (Esther Williams va) On se dit à la prochaine et on s'en va le cœur un peu serré mais en même temps y'a une joie profonde qui te prends du ventre jusqu'à la gorge!
Monique, Geneviève, Marie-Pierre, que vous êtes belles avec vos cheveux gris! Votre enfance est là, à quelques centimètres seulement. Elle a le visage de cette petite fille qui virevolte autour de vos tables et que vous prenez par la main ...
A 20 h 00, on était encore au moins une trentaine. Allez, on va manger ce qui reste. On fait une seule table et comme toujours, à la bonne franquette.
Tchè, y reste encore de l'anisette? et des glaçons, y'en a plus? Mais oui, y'a toujours quelqu'un qui sort comme par magie la denrée qu'on croyait devenue très rare. « Bon, alors, si y' a des glaçons, pas on s'en sert une petite non ? (dites, n'allez surtout pas croire qu'on a été sponsorisés hein ?)
On a recommencé à manger. .. Au fait, j'allais oublier: si quelqu'un veut connaître la fin de l'histoire du "Bourriquito", adressez-vous directement à Gilbert Morand, y va vous expliquer. Pour la "Teressina" vous savez bien, cette chanson en boucle qu'on a tous fredonné au moins une fois dans notre vie d' Arzewien, le dépositaire exclusif de la formule c'est Manou bien sur !
Après, on a ramassé les poubelles (les gens y faut pas qu'y croivent qu'on est des sauvages)
La nuit est tombée. On s'est encore embrassés, étreints, congratulés (c'est tout Aline, pas plus) et on s'est promis de se retrouver.
« Alain, tu restes chez Nini et Alba, demain sera un autre jour» « Etienne ... Etienne .... on t'aime tu sais « .....
Ce matin, lundi, nos cordes vocales ont crié: pouce! C'est qu'on a plus trop l'habitude ..... Mais tu sais pas la chaleur qu'y avait dans tous nos cœurs .....
Camille Soler